Ingrid betancourt : le visage de la colombie, Joseph Giudi

Le 24 juillet 2002, pour la première fois depuis l'enlèvement d'Ingrid Betancourt, une vidéo de piètre qualité, filmée par les F.A.R.C., la montre vêtue d'une veste militaire, amaigrie et très fatiguée. Le regard de la jeune femme traduit une inquiétude qui efface tout à la fois cette luminosité caractéristique de l'enthousiasme qui l'habitait avant l'enlèvement. Son regard vient d'ailleurs. Il vient de loin, et ne semble tracer aucune arabesque intelligible tant le mystère est présent. Tant cet ailleurs dans lequel elle espère, doit se trouver aussi lointain qu'inaccessible. Ce regard traduit de la résignation. Celle qui vacille, chancelle, palpite, murmure et souffre. C'est presque le fantôme d'Ingrid Betancourt. S'il existe une chance de ramener son âme à la vie, il faut une mobilisation mondiale sans précédent. Redonner l'espoir par l'amour, imposer aussi une libération rapide, car si on assassine l'esprit et le coeur d'une femme martyre, on assassine aussi le coeur et l'âme de l'humanité.