Versailles et la révolution, Odile Caffin Carcy , Jacques Villard

Il y a deux siècles se sont déroulés à Versailles une série d'événements dont la signification profonde échappait aux contemporains, mais qui revêtent sur le plan de l'histoire nationale et de l'histoire du monde une importance capitale. Ces événements ne peuvent laisser indifférent, quels que soient les réactions et les sentiments qu'ils entraînent; ils concernent chacun, et doivent donc être commémorés. C'est pourquoi la ville de Versailles a décidé de le faire, en particulier pour ce qui s'est passé en ses murs du 4 mai au 6 octobre 1789. Un peuple qui n'a pas de mémoire ne saurait distinguer le fil directeur de son histoire. Cette commémoration se comprend d'autant plus à Versailles qu'elle conserve un ensemble important de vestiges de l'époque, parfois restés intacts. Certaines villes n'en gardent que le souvenir des destructions qu'elle a causées, lesquelles se sont du reste poursuivies bien avant dans le XIXe siècle ; d'autres, celui des massacres qui s'y sont déroulés au cours d'années fièvreuses qui nous en apprennent beaucoup sur la psychologie des foules. Paris ne possède plus ni la salle du Manège où siègea l'Assemblée nationale, ni le couvent des Jacobins ou celui des Cordeliers, ni l'ancien Hôtel de ville, ni les Tuileries, ni la Bastille. Le Champ de Mars, théâtre de la Fête de la Fédération, et d'autres manifestations, n'est plus connu que par la tour Eiffel; l'emplacement même où le roi fut exécuté le 21 janvier 1793 est occupé aujourd'hui par un obélisque. Versailles, en revanche, a conservé presque intacte une partie du décor de 1789, non seulement le château, mais l'église Notre-Dame, point de départ de la procession des Etats Généraux le 4 mai, l'église Saint- Louis, point d'arrivée de cette procession, où fut prononcé le célèbre sermon de Mgr de la Fare, et dans laquelle l'Assemblée tint plusieurs fois séance.... Art lys 2854950305